Communauté de communes du Clunisois : agir tous azymuts avec les migrants
DEUX ANNÉES D’ENGAGEMENT ET DE RÉUSSITES QUI PRÉPARENT L’AVENIR
Mars 2022, onze Clunisois dont quelques élus, prenaient la route vers la frontière ukrainienne via la Slovaquie (2800 km) avec des dons collectés par les habitants pour les réfugiés (2). Au retour ils étaient 30 ! Onze femmes et huit enfants – âgés de 3 mois à 16 ans – les accompagnaient. À ces migrants il fallait offrir un « service de proximité ». Les élus de la Com.com. ont transformé l’essai généreux de ces bénévoles, en signant avec l’État un « Contrat territorial d’accueil et d’intégration »(3). Ces contrats, portés par les services des préfectures et les collectivités locales, peuvent garantir la mise en œuvre pérenne d’actions concrètes à l’attention des personnes bénéficiaires de la protection internationale et des étrangers primo-arrivants, quand la négociation annuelle aboutit.
De l’action il y en eut ! Dans la tradition d’hospitalité héritée des moines de Cluny.
Une dizaine d’associations et d’institutions sont venues au rendez-vous de la Com.com, les structures de divers services, les commerçants, les mairies, les écoles, sans compter les citoyens volontaires et les nombreuses associations locales ou branches locales d’associations à caractère national ou international.
• Il fallait toutes ces bonnes volontés, leur sa-voir-faire et leur aptitude à collaborer (4). Que de problèmes en effet ; 60 migrants seront accueillis en deux ans ! En plus de l’accueil habituel, car la situation mondiale évolue considérablement. Ils furent aidés à accéder à leurs droits, à garder et à scolariser leurs enfants, à trouver des logements, à se nourrir, à se soigner, à apprendre le français, à trouver des emplois, à vivre au quotidien : pas simple d’aller en bus de Blanot à Cluny quand on baragouine le français et qu’il faut d’abord déposer auprès de la région le formulaire pour l’utilisation du bus scolaire.
• Par exemple les cours de français : quelque 25 bénévoles (coordonnés par une professionnelle) ont assuré durant l’année scolaire, deux cours par semaine, ouverts à tous : Russes, Ukrainiens, Biélorusses, Géorgiens, Albanais, Portugais, Philippins, Afghans, Lettons, Indiens, Arméniens, Maliens, Serbes, Bulgares, Syriens, Taiwanais, Irakiens, Somaliens. Ce fut Babel ! On imagine les liens créés entre migrants et avec les bénévoles. Belle occasion de détecter les soucis, les réussites, les handicaps, les besoins.
• Il fallut accompagner les personnes en difficulté psychologique à cause de la guerre, de voyages interminables et épuisants, de séparations. Les aider à dépasser la peur de l’inconnu. Notons cette maxime chère au Service accueil de la Com.com. « Plus on comprend les situations, plus on découvre des listes entières de solutions ».
• Ces migrants ont été et sont une chance pour les communes, les entreprises et les écoles. La plupart sont devenus autonomes en termes de revenus. Ils ont trouvé un emploi dans la vigne, la restauration, les métiers techniques, le nettoyage. Une maman enchaîne les contrats saisonniers dans le vignoble, une jeune femme dresse de beaux plats au restaurant, un garçon réapprend au collège tout son vocabulaire, une petite fille parle déjà français. Les enfants ont été accueillis avec bonheur dans les écoles rurales parfois en manque d’écoliers. Loisirs et détente ont été stimulés : clubs de jeux, d’échecs, spectacles de théâtre.
• Les partenariats tissés depuis deux ans sont un acquis pour l’avenir. Ils bénéficieront aux futurs migrants et aux habitants du Clunisois dans la difficulté. En outre, « vu l’accélération du changement climatique, et les bouleversements à venir à l’échelle de la planète, la question de l’accueil devient structurelle, car beaucoup de personnes fuient leurs pays devenus inhospitaliers, et il est crucial d’être organisé aussi bien que possible pour faire face à ces situations ». (Jean-Luc Delpeuch, président de la Communauté de communes du Clunisois).
(1) Le Clunisois : 14 452 habitants, 41 communes.
(2) Le nombre d’Ukrainiennes ayant quitté leur pays à l’époque était d’après l’ONU proche de 5 millions.
(3) En 2022, la ComCom. en Clunisois, à l’instar de 12 autres établis- sements publics de coopération intercommunale, a signé avec l’État un Contrat territorial d’aide à l’intégration. Voir aussi : www.immigration.interieur.gouv.fr
(4) En 2015 déjà, le Clunisois avait accueilli des réfugiés de Calais, venant du Soudan, d’Afghanistan ou de Syrie.
(5) Deux fois par an, la Com.com. réunit l’ensemble des partenaires impliqués dans le Réseau Social et Solidaire pour faciliter leur connaissance mutuelle, l’élaboration et le suivi de projets autour de groupes thématiques et de travail, soit environ 420 bénévoles.
Robert de Backer, Marie Bruneau