Les jardins de Cocagne
Une aventure humaine et économique sur un territoire depuis 25 ans
« Ils ont besoin de travail, vous avez besoin de légumes bio, ensemble cultivons la solidarité » tel est le slogan qui pourrait résumer la philosophie des « Jardins » de Mâcon et des 105 autres jardins du Réseau Cocagne en France.
Les Jardins de Cocagne sont une exploitation maraîchère biologique, à vocation d’insertion sociale et professionnelle. Ils accueillent des femmes et des hommes de tout âge, en situation précaire et rencontrant des difficultés d’ordre professionnel, social ou personnel. A travers la production de légumes biologiques, distribués sous forme de paniers hebdomadaires à des adhérents-consommateurs, l’objectif des Jardins de Cocagne est de permettre à ces personnes de retrouver un emploi et de construire un projet professionnel et personnel. Ils sont, sur le plan juridique, une association loi 1901, sur le plan économique , un atelier chantier d’insertion (ACI), sur le plan humain , une communauté d’hommes et de femmes qui agissent dans le même but.
En chiffres, les Jardins de Mâcon, ce sont : 100 tonnes de légumes bio produits par an sur 7 ha et sous 8 000 m2 des serres, 350 à 400 paniers de légumes livrés par semaine à nos adhérents, 400 000 € de chiffre d’affaires (parce que nous vendons aussi nos légumes à des professionnels et sur des marchés). Pour y arriver, 50 jardinier en réinsertion travaillent pour une durée de 2 à 24 mois (ce qui correspond à 25 équivalents temps plein sur l’année) encadrés par 4 maraîchers, un accompagnateur socio-professionnel et du personnel administratif. Mais le chiffre le plus important pour nous, c’est le nombre de jardiniers qui retrouvent un emploi ou une formation qualifiante. C’est plus de 60 %.
Depuis 15 ans je mange les légumes bio des Jardins. Chaque semaine je vais chercher notre panier. Aujourd’hui nous avons un potimarron, des poireaux, des carottes, une soupe de légumes, des pommes de terre, de la mâche et des choux romanesco que je ne connaissais pas. Plaisir de la découverte. Ils sont beaux mais… comment les cuisiner ? Il n’y a qu’à regarder la feuille de recette qui est dans le panier.
Ces légumes ont été produits à 3 km de chez moi. Cela me plaît. Habitant en ville, je me dis que là-bas, près de l’aérodrome, c’est un peu mon jardin. J’y vais de temps en temps. Je suis aussi un peu bénévole. Parfois on nous demande de l’aide pour récolter les coings, ou pour trancher les courges. Pas assez souvent d’ailleurs. J’aimerais aller plus fréquemment dans les champs, travailler au grand air avec les jardiniers. Cela me plaît de savoir que le mardi et le vendredi les camionnettes des Jardins font leur tournée de livraison et sillonnent le territoire mâconnais jusqu’à Cluny ou même Beaujeu. J’aime cette idée de ferme urbaine ou municipale qui produit à côté de chez moi. Je sais que, tout en cultivant, des personnes retrouvent le chemin du travail : en équipe avec des contraintes mais aussi de la fierté et qu’elles sont accompagnées et formées pour faire émerger leur projet professionnel.
J’aime recevoir les mails des jardins qui sont toujours signés « solidairement ». Et tant pis s’il y a de temps en temps des topinambours dans les paniers (j’ai horreur des topinambours). Je sais aussi qu’il y a des paniers « solidaires » financés par d’autres associations que nous pouvons offrir à des personnes aux petits revenus et récemment à des familles ukrainiennes.
Les Jardins c’est un peu une grande famille. Et aussi une entreprise qui a su tisser des liens avec d’innombrables partenaires. J’ai rencontré hier le trésorier. Il m’a dit que ce n’était pas toujours facile d’équilibrer le budget, de faire face aux sécheresses de l’été. Et les subventions qui diminuent ! Mais la directrice et le conseil d’administration y croient. On est en train d’agrandir les bâtiments. Il y a un projet de panneaux solaires. Ils sont en train de créer un vrai magasin pour vendre sur place. Le verger va commencer à donner. C’est vrai que depuis longtemps j’attends des fruits, des fraises et des plantes médicinales. Patience. Au fait cette année nous fêtons nos 25 ans !
MARC BOGGIO, un adhérent enthousiaste