Quelles valeurs défendre ?
Quelles valeurs défendre ? Lorsqu’on m’a posé la question, j’ai répondu du tac au tac : la démocratie.
Mais la démocratie est-elle apte à répondre aux défis contemporains, donc à défendre l’avenir de nos sociétés ? Ou bien est-elle dépassée par les enjeux ? Nous subissons une double transition : climatique et énergétique, technologique et numérique, avec pour conséquence de profondes remises en cause politiques et sociales.
Répondre au défi climatique suppose une action à long terme, se déroulant sur plusieurs décennies, et globale, incluant tous les États de la planète et une coopération de tous les acteurs. Or, l’horizon politique dans les démocraties est le court terme, soit les échéances électorales qui influencent les programmes des partis politiques. Un politicien ne peut pas promettre à ses électeurs des résultats dans 10 ou 20 ans, ceux-ci veulent des résultats immédiats.
Une action à long terme nécessite une planification sinon autoritaire au moins dirigiste, maintenant le cap. Or, l’alternance consiste souvent à défaire ce que les autres ont fait. Nos démocraties encore imprégnées par le libéralisme préfèrent le marché libre, mais celui-ci est marqué par l’appât du gain, le contraire de la sobriété indispensable pour ne pas étouffer sur la planète.
Le climat de la planète ne connaît pas les frontières. Or, la politique se déroule essentiellement toujours au niveau national. Même si la souveraineté est sou- vent illusoire en particulier en matière économique, chaque État adopte ses lois et règlements selon l’équilibre des forces dans le cadre des frontières nationales. Un État peut décider de règles strictes pour combattre les énergies fossiles, mais si d’autres continuent de les utiliser, cela n’aura pas d’effet suffisant.
L’indispensable coopération internationale bute sur la division du monde entre démocraties et dictatures. Le nationalisme reste une plaie au XXIe siècle comme au XXe siècle. On voit ainsi d’importantes ressources financières être détournées actuellement vers le secteur militaire au nom de la défense de territoires menacés par des ambitions d’un autre âge.
Les bouleversements que nous connaissons sur le plan technologique, avec ses délocalisations et remises en cause des habitudes, alimentent en outre un sentiment d’insécurité, qui favorise le besoin d’ordre et les partis privilégiant cette demande dans leurs programmes au détriment des réformes.
Faut-il perdre espoir ? Non, mais les adaptations nécessaires seront lentes, très lentes. C’est l’affaire du siècle.
Blaise Lempen
Journaliste, dernier livre paru : « Un regard sur l’Histoire 1950-2050 » (L’Harmattan 2024)
Quand on nous demande ce qu’on a à défendre, c’est bien simple : c’est l’humain. Nous voulons mettre en pratique le mot «humain».
L’humain dans sa force, en mettant en pratique nos cours, notre passion en construisant, des bâtiments aux réseaux de chaleurs, des voitures aux enceintes .
L’humain dans sa beauté, en promouvant des festivals de culture, en témoignent le festival de la BD ou le Grand Bastringue(1).
L’humain dans son égalité, nous construisons pour tout public, que ce soit pour le Grand Gala ou le Grand Bastringue, que ce soit pour la ville ou des pays qui en ont grand besoin avec Gasole(2) .
L’humain dans sa complexité, en ayant une grande capacité d’analyse de situations et d’apprentissage .
L’humain dans sa capacité d’entraide, en témoignent toutes nos associations d’élèves où le partage de connaissance et de compétences est le maître-mot.
L’humain dans sa responsabilité, car nous avons pour but direct de fabriquer pour rendre la vie des personnes meilleure, sans pour autant se cacher face à nos responsabilités environnementales, en témoigne le CEC (Centre d’Études Clunisiennes).
L’humain dans sa sociabilité, nous nous connaissons tous au sein d’une promotion et habitons tous dans la même résidence, et grâce à nos événements permettant de découvrir année après année les ingénieurs Gadz’arts(3).
L’humain dans son intelligence, nous avons mis en place des systèmes d’expression démocratique que nous remettons en doute sans problème.
Nous avons conscience que nous sommes nombreux dans une promotion, et pour nous, cela veut dire une chose. Une seule chose : la diversité des profils, les compé- tences plus nombreuses, et parfois incongrues.
Nous avions conscience que nous étions une grande communauté.
Nous savons désormais que nous avons une capacité d’impact. Un nombre incal- culable de groupes de réflexion, de projets d’entreprise, de projets de coopération, bref un nombre considérable d’impacts directs sur la société.
Au-delà de manier le concret au travers de nos cours, nous manions le concret dans nos projets.
Nous, Gadz’arts, avons la chance d’être dans une école centrée autour de la fabri- cation, dans le concret, dans l’action directe et réfléchie.
L’entraide spontanée, le partage de connaissances et de compétences, C’est cela, que nous défendons.
(1) Depuis 2006, l’École Nationale Supérieure des Arts et Métiers de Cluny organise chaque année dans les jardins de l’abbaye un festival solidaire de musique.
(2) GaSole, abréviation de « Gadz’Arts Solidaires », est une association humanitaire composée d’élèves ingénieurs Gadz’Arts des Arts et Métiers de Cluny qui a pour but de réaliser plusieurs actions solidaires au cours de l’année dans la Clunisois et à l’étranger.
(3) Élèves et ingénieurs issus de l’« École nationale supérieure d’Arts et Métiers ». Leur surnom vient d’une contraction de « Gars des Arts. »
Florian Laforêt – ENSAM – Cluny