Focus

ENQUÊTE DU PARLEMENT EUROPÉEN, PRINTEMPS 2024

Ici à Cluny, en lisant la dernière enquête Eurobaromètre du Parlement européen avant les élections de juin qui révèle une prise de conscience et une inquiétude des citoyens face au contexte géopolitique actuel, nous sommes rassurés.

La publication préélectorale révèle une tendance positive et à la hausse des principaux indicateurs électoraux à quelques semaines seulement du moment où les citoyens de l’UE voteront du 6 au 9 juin. L’intérêt pour l’élection, la connaissance du moment où elle aura lieu ainsi que la probabilité de voter sont tous en hausse depuis la dernière enquête de l’automne 2023. Les augmentations sont encore plus frappantes par rapport à l’enquête du printemps 2019 (trois mois avant les précédentes élections européennes).

source : Parlement européen 17-04-2024.

  • Plus de huit Européens sur dix (81 %) estiment que voter est encore plus important compte tenu de la situation géopolitique actuelle.
  • Six citoyens sur dix (60%) s’intéressent aux prochaines élections européennes du 6 au 9 juin, soit 11 points de plus qu’à la même date avant le vote précédent de mai 2019.
  • 73 % des citoyens déclarent que les actions de l’UE ont un impact sur leur vie quotidienne
  • La défense et la sécurité de l’UE revêtent une importance croissante et constituent des questions sur lesquelles se concentrer
  • La lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale (33%) ainsi que la santé publique (32%) sont les principales préoccupations des électeurs.

Pour en savoir plus : lien vers l’enquête du parlement européen

COMMENTAIRE

Le Parlement européen a réalisé une enquête auprès de 26 500 citoyens européens des 27 Etats membres, entre le 7 février et le 3 mars 2024. Objet : que pensez-vous de l’UE, de son avenir, de votre pays etc..? Quelques résultats indiqués ci-dessous montrent que les Français sont les plus pessimistes des Européens sur l’UE, son avenir, le rôle du Parlement européen. Mais aussi sur la France même, à cause notamment de leur niveau de vie. Néanmoins cet eurobaromètre indique qu’une forte majorité d’entre eux (67%) prévoyait d’aller voter le 9 juin. Ce résultat est tempéré cependant par ceux d’un sondage récent (23 avril 2024) Ifop-Fiducial pour Le Figaro, LCI et Sud Radio : 45% seulement des Français prévoient d’aller voter le 9 juin, et 77% des jeunes de 18 à 24 ans ne l’envisagent pas. Faut-il s’en attrister ? Tentons de prendre de la distance : les élections européennes, scrutin de second ordre n’intéressent pas beaucoup les électeurs. D’autre part les perceptions du court terme l’emportent souvent, de même que la situation intérieure du pays et le degré de culture politique et économique des citoyens. Et..les sondages sont volatiles !

Par ailleurs le « regard long » qu’apporte la « Lettre au président de la République du gouverneur de la Banque de France » publiée cette semaine, apporte des informations encourageantes, citons :

– « sur 25 ans, l’Euro a bien aidé les Français puisque nous avons en moyenne plus de gains de pouvoir d’achat, 26 % sur 25 ans, que la moyenne européenne et, c’est vrai, que les Allemands. »

– « l’Europe a très bien géré les crises : celle de la pandémie, celle de l’inflation grâce à la Banque centrale européenne. »

– « maintenant, il faut que l’Europe traite ses problèmes de fond, c’est-à-dire muscler sa croissance et sa capacité d’innovation. Il se trouve que le marché unique européen est aussi grand que le marché européen. Simplement, il est moins intégré, il y a encore trop de frottements à l’intérieur, trop de frontières. C’est ce que dit le rapport que l’ancien Premier ministre italien Enrico Letta vient de remettre : « il faut vraiment pousser le marché unique européen, y compris dans de nouveaux domaines comme les services et le numérique, qui seraient d’ailleurs assez favorables à la France… »

Robert De Backer

sources : site de la Banque de France ; France-Inter, interview du gouverneur de la B. d. F. 22 avril 2024 ; Le Figaro 23 avril 2024.

Focus

L’EUROPE, NOTRE RÊVE, NOTRE AFFAIRE

« Notre Europe » ! Du Groenland à la Méditerranée, de l’Atlantique et de la Mer du nord à la Mer noire, une marqueterie éblouissante de paysages, de villes, de villages imprégnés d’histoires millénaires. Lieux de vie pour 448 millions de citoyens de 27 Etats, libres de franchir sans passeport leurs frontières ouvertes à la circulation des personnes et des biens ; un espace commun, lieu de rencontres, de formation (Erasmus !), de création, de science ; un kaléidoscope. Voyez les drapeaux de cette Fédération d’Etats. Que de couleurs, que de symboles témoins de cultures (langues, religions, monuments, pensées, us et coutumes, folklores) et d’histoires si différentes !

Nos nations ont refusé de rester enkystées dans leurs conflits séculaires et dramatiques. Elles ont opté pour une union libre sans y être contraintes par un empereur, un dictateur, une mafia, grâce à de patientes négociations. Témoins, leur drapeau commun, leur devise « unis dans la diversité », leur monnaie, l’euro lancé il y a 25 ans cette année, des politiques communes et un savoir-faire.

Malgré nos 24 langues officielles nous travaillons, échangeons avec succès. 70 ans de paix nous ont aidés à construire le premier pôle commercial du monde (14,6 % des exportations et 17 % des importations mondiales, hors échanges intracommunautaires) et à devenir la 3eme puissance économique mondiale après les E-U et la Chine.

Notre « Union » est un laboratoire d’humanité unique dans l’Histoire, orienté par une utopie porteuse d’espoir. En effet sa construction, lente, difficile et complexe, nous la devons à des valeurs mises en œuvre par des hommes et des femmes remarquables, tenaces et pragmatiques : priorité à la paix, à l’état de droit, à la démocratie et à la liberté, à la prise en compte des personnes, à l’action commune, au « penser juste », au sens d’une morale et d’une transcendance et à une méthode fondée sur la subsidiarité. Héritage toujours fécond des Celtes, des Grecs et des Romains, des Juifs et des Chrétiens, des artistes et savants de la Renaissance, des philosophes des Lumières et de tant d’autres apports notamment de l’immigration.

Beaucoup reste à faire cependant. L’Union européenne s’est construite par le haut. Son organisation complexe et technocratique est difficile à comprendre. Ses normes, ses décrets, ses lois sont souvent mal acceptées par une majorité d’Européens ; nombre d’entre eux se disent déboussolés et veulent « reprendre le contrôle » de leur vie collective (le slogan du Brexit). En outre, de nouveaux et difficiles problèmes surgissent : élargir le marché intérieur, créer une défense commune, intégrer de nouveaux Etats, gérer l’immigration etc…

Notre affaire à présent : faire comprendre et aimer l’Union confrontée à ces nouveaux défis, faire connaître et se rencontrer les Européens et les faire rêver d’Europe en stimulant une culture européenne populaire et la mise en œuvre locale de nos orientations et valeurs. « Abandonnant pour toujours le rôle de centre privilégié du monde, l’Europe peut devenir un centre d’innovations pour pacifier les Hommes, instaurer ou restaurer les convivialités, civiliser notre Terre-Patrie. » Edgar Morin, Penser l’Europe, Gallimard 1987.

Robert De Backer

source de l’illustration, wikipédia